MINISTERE DE LA SANTE ET DE LA POPULATION

Conseil National de la Santé 2025

Le Congo initie une révolution silencieuse de sa Gouvernance sanitaire

Kintélé, 16 juillet 2025

Cette déclaration transcende le simple engagement politique pour toucher à la philosophie même du développement. Elle inscrit le Congo dans une démarche visionnaire où la santé n’est plus perçue comme une charge budgétaire, mais comme un investissement stratégique pour l’avenir du pays.

Dans l’écrin moderne du Centre de Conférence International de Kintélé, le Congo a franchi ce mardi une étape historique avec l’ouverture solennelle du Conseil National de la Santé 2025. Cette rencontre de trois jours, placée sous le haut patronage du Premier ministre Anatole Collinet MAKOSSO, s’annonce comme un tournant décisif pour l’avenir sanitaire du pays.

Quarante-et-un ans après sa création par le décret 84/290 du 26 mars 1984, le Conseil National de la Santé retrouve une nouvelle jeunesse. Cette renaissance institutionnelle intervient à un moment charnière où le Congo, comme l’ensemble de la communauté internationale, doit relever les défis majeurs de santé publique tout en poursuivant l’objectif ambitieux de la couverture sanitaire universelle.

Le thème retenu pour cette édition 2025, « La gouvernance du Système de santé congolais face aux défis de l’atteinte de l’objectif de développement durable (ODD3) », révèle la maturité de l’approche congolaise. Il ne s’agit plus seulement de gérer les urgences sanitaires, mais de construire un système pérenne, équitable et performant.

L’allocution d’ouverture du Premier ministre Anatole Collinet MAKOSSO a donné le ton de ces assises. « La Santé est la première des batailles du gouvernement », a-t-il déclaré avec force, avant d’ajouter cette phrase qui résonne comme un manifeste : « Il n’y aura pas d’avenir prospère pour le Congo, sans un peuple en bonne santé. »

Le Premier ministre a également souligné la nécessité urgente de réactualiser le décret fondateur de 1984, afin de l’adapter aux défis contemporains. Cette modernisation institutionnelle témoigne de la volonté du gouvernement de doter le pays d’outils de gouvernance sanitaire à la hauteur des enjeux du 21ème siècle.

L’une des innovations majeures de cette édition 2025 réside dans sa composition résolument inclusive. Le Conseil rassemble désormais l’État, les collectivités locales, la société civile, les organisations communautaires et les structures techniques. Cette diversité reflète la compréhension que les défis sanitaires ne peuvent être relevés par le seul secteur public.

« Votre composition multisectorielle est inclusive », avait souligné le Premier ministre, reconnaissant que « l’ampleur des défis à relever » nécessite une mobilisation générale. Cette approche participative marque une rupture avec les pratiques traditionnelles de gouvernance verticale, privilégiant désormais le dialogue et la co-construction des politiques publiques.

La présence et l’intervention du représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Congo ont apporté une dimension internationale à ces travaux. L’OMS a salué « la prise de conscience précoce » du Congo concernant l’importance de la gouvernance sanitaire, positionnant le pays comme un modèle pour la région.

« La gouvernance est le fondement d’un système de santé résilient et équitable », a rappelé le représentant de l’OMS, soulignant qu’elle demeure « le pilier central au cœur des autres piliers du système de santé ». Cette validation internationale confère une légitimité supplémentaire à la démarche congolaise.

L’organisation internationale a particulièrement apprécié que le Congo inscrive ses efforts dans le cadre des Objectifs de Développement Durable, notamment l’ODD3 qui vise à « permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge » d’ici 2030.

Les travaux du Conseil s’articulent autour de plusieurs thématiques cruciales qui révèlent la complexité des enjeux sanitaires contemporains. Le financement de la santé occupe une place centrale, dans un contexte où les ressources publiques demeurent limitées face aux besoins croissants des populations.

La gouvernance du système, thème phare de cette édition, questionne les mécanismes de pilotage, de coordination et de régulation. Comment améliorer l’efficacité des structures existantes ? Comment renforcer la redevabilité des acteurs ? Comment optimiser les circuits de décision ? Autant de questions qui nécessitent des réponses pragmatiques et adaptées au contexte congolais.

La santé communautaire, autre priorité identifiée, reflète la volonté de rapprocher les soins des populations, notamment dans les zones rurales et périurbaines. Cette approche, promue par l’OMS comme fondement des soins de santé primaires, trouve une résonance particulière dans un pays aux défis géographiques et démographiques considérables.

Les travaux accordent une attention particulière aux ordres nationaux des professionnels de santé et aux sociétés savantes. Ces institutions, garantes de la qualité et de l’éthique professionnelle, sont appelées à jouer un rôle renforcé dans la régulation du secteur.

Le secteur privé et confessionnel, longtemps considéré comme accessoire, retrouve une place centrale dans les réflexions. Cette évolution témoigne de la reconnaissance progressive de l’importance des partenariats public-privé dans l’amélioration de l’offre de soins.

L’un des aspects novateurs de cette édition concerne l’accent mis sur la dimension territoriale de la gouvernance sanitaire. Le Premier ministre a souligné le « rôle stratégique » des institutions décentralisées et déconcentrées, reconnaissant que « les préfets et les présidents des conseils départementaux » sont des « acteurs de terrain » essentiels.

Cette approche territoriale s’inscrit dans la logique de la réforme administrative de 2003, qui a consacré « la place centrale des collectivités dans la gestion du développement ». Elle répond également aux recommandations de l’OMS qui prône un ancrage communautaire des politiques de santé.

Bien que non explicitement mentionnée dans les discours d’ouverture, la récente pandémie de Covid-19 plane sur les travaux. L’OMS a rappelé dans son intervention que les systèmes de santé ont été « fragilisés » par cette crise, révélant des vulnérabilités structurelles qui nécessitent des réponses adaptées.

Cette expérience collective a souligné l’importance de la préparation aux urgences sanitaires, de la coordination intersectorielle et de la communication en temps de crise. Les leçons tirées de cette période alimenteront sans doute les réflexions du Conseil.

La méthodologie adoptée pour ces travaux mérite d’être soulignée. Le Premier ministre a appelé les participants à « travailler dans un climat de sérénité » pour identifier « des solutions innovantes » et développer « des mécanismes d’amélioration continue ».

Cette approche collaborative tranche avec les pratiques traditionnelles de consultation, privilégiant le dialogue constructif et la recherche de consensus. L’objectif affiché est d’aboutir à des « avis et recommandations » qui soient non seulement techniquement fondés, mais également politiquement réalisables.

Sous la direction éclairée du Professeur Jean-Rosaire IBARA, Ministre de la Santé et de la Population, figure respectée du monde médical congolais, les travaux s’annoncent riches en enseignements. La personnalité du ministre, reconnue pour sa compétence technique et son engagement social, constitue un gage de sérieux et d’efficacité.

Les recommandations attendues à l’issue de ces trois jours de travaux pourraient redéfinir les contours de la politique sanitaire congolaise pour les années à venir. Elles devront concilier ambition et réalisme, innovation et pragmatisme, pour proposer une feuille de route crédible vers la couverture sanitaire universelle.

L’initiative congolaise dépasse les frontières nationales pour s’inscrire dans une dynamique régionale et continentale. À l’heure où l’Afrique cherche ses voies vers l’émergence, l’exemple du Congo pourrait inspirer d’autres pays confrontés à des défis similaires.

La combinaison d’une volonté politique forte, d’une approche inclusive et d’un cadrage international rigoureux constitue un modèle potentiellement transposable. Les observateurs régionaux et internationaux suivront avec attention les résultats de cette expérience.

Le Conseil National de la Santé 2025 marque potentiellement le début d’une révolution silencieuse de la gouvernance sanitaire au Congo. Silencieuse, car elle s’opère dans le dialogue et la concertation plutôt que dans la confrontation. Révolutionnaire, car elle questionne les fondements mêmes du système de santé pour le réinventer.

Cette initiative témoigne de la maturité politique et institutionnelle du Congo, capable de se projeter dans l’avenir tout en tirant les leçons du passé. Elle illustre également la pertinence d’une approche qui place l’humain au cœur des politiques publiques.

Les prochaines heures seront déterminantes pour l’avenir sanitaire du Congo. Au-delà des discours et des déclarations d’intention, c’est la capacité du pays à transformer ses ambitions en réalités concrètes qui sera mise à l’épreuve. L’histoire jugera si ce 16 juillet 2025 aura effectivement marqué un tournant dans l’histoire sanitaire du Congo.

Les travaux du Conseil National de la Santé se poursuivent jusqu’au 18 juillet 2025. Nous vous tiendrons informés de l’évolution des débats et des conclusions qui en découleront.

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