
Brazzaville, 21 août 2025 – Dans le cadre de la riposte sanitaire contre l’épidémie de choléra déclarée le 26 juillet dernier, le Ministère de la Santé et de la Population, en partenariat avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a inauguré un programme ambitieux de formation des formateurs. Cette initiative, qui s’étend du 21 au 23 août 2025, constitue une réponse structurée et scientifiquement fondée à la recrudescence épidémique observée dans quatre départements du territoire national.
Le choléra, infection diarrhéique aiguë causée par la bactérie Vibrio cholerae, demeure un défi majeur de santé publique en Afrique subsaharienne. Caractérisée par une déshydratation massive pouvant conduire au choc hypovolémique et au décès en l’absence de prise en charge appropriée, cette pathologie hydrique présente un taux de létalité inférieur à 1% lorsque les protocoles thérapeutiques sont correctement appliqués.
La situation épidémiologique actuelle au Congo révèle une transmission active dans les départements de Brazzaville, Congo-Oubangui, Likouala et Djoué-Lefini. Cette distribution géographique suggère une propagation liée aux voies de communication fluviales et terrestres, nécessitant une approche multisectorielle coordonnée conformément aux recommandations de la Global Task Force on Cholera Control (GTFCC).
Le programme, dirigé par le Professeur Jean-Rosaire IBARA, Ministre de la Santé et de la Population, vise la constitution d’un pool national de 50 formateurs issus de sept départements stratégiques. Cette approche en cascade permet une démultiplification des compétences selon un modèle pyramidal d’apprentissage validé par les instances internationales.
Les objectifs spécifiques s’articulent autour de six axes fondamentaux :
- Épidémiologie et surveillance : Maîtrise des mécanismes de transmission, des facteurs de risque environnementaux et des systèmes de détection précoce
- Diagnostic et prise en charge clinique : Protocoles de réhydratation orale et intraveineuse selon les recommandations OMS/UNICEF
- Surveillance épidémiologique : Collecte, analyse et interprétation des données selon les standards internationaux
- Gestion opérationnelle : Organisation et coordination des centres de traitement du choléra (CTC)
- Communication des risques : Stratégies d’engagement communautaire et de promotion des comportements préventifs
- Éthique et déontologie : Application des principes de prévention des inconduites selon les directives OMS
Le curriculum adopte une méthodologie interactive combinant sessions plénières, ateliers pratiques et simulations sur table. Cette approche permet l’acquisition de compétences théoriques et pratiques essentielles à la gestion des urgences sanitaires.
La première journée privilégie l’épidémiologie descriptive et analytique, incluant les techniques de prélèvement et de transport d’échantillons, ainsi que l’utilisation des tests de diagnostic rapide (TDR). Les sessions sont animées par des experts reconnus, notamment les Professeurs Mabiala Babela et NIAMA, ainsi que le Dr Nianga Gilbert.
La deuxième journée se concentre sur les aspects cliniques et thérapeutiques, avec une emphase particulière sur la prise en charge des cas sévères et la gestion des centres de traitement. L’intervention du Professeur Ossibi Ibara Bienvenu, en collaboration avec les partenaires techniques (UNICEF, OMS), garantit une approche standardisée conforme aux protocoles internationaux.
La troisième journée intègre les dimensions comportementales et communautaires, éléments cruciaux dans la prévention primaire du choléra. Les exercices de simulation permettent l’évaluation des capacités opérationnelles et l’identification des axes d’amélioration.
Le Dr Vincent DOSSOU SODJINOU, représentant de l’OMS Congo, a souligné l’importance des interventions WASH (Water, Sanitation and Hygiene) dans la stratégie de prévention. Les trois piliers identifiés – renforcement de la prévention primaire, investissement dans la préparation et action multisectorielle – s’inscrivent dans une logique d’intervention upstream sur les déterminants sociaux de la santé.


L’accès à l’eau potable, l’assainissement environnemental et les pratiques d’hygiène constituent les variables clés dans l’interruption de la transmission fécale-orale. Ces interventions, scientifiquement documentées, permettent une réduction significative de l’incidence dans les zones endémiques.
Le programme intègre les dernières recommandations concernant la vaccination cholérique orale (VCO), notamment l’utilisation des vaccins bivalents dans les contextes épidémiques. Cette stratégie, validée par le Strategic Advisory Group of Experts on Immunization (SAGE), constitue un complément aux mesures environnementales et comportementales.
Cette initiative s’inscrit dans une démarche de renforcement durable du système de santé congolais. La création d’un pool national de formateurs garantit une capacité de réponse autonome aux futures émergences épidémiques, conformément aux objectifs du Règlement Sanitaire International (RSI 2005).
L’alignement avec la Stratégie triennale 2023-2025 et l’objectif GTFCC de réduction de 90% de la mortalité liée au choléra d’ici 2030 témoigne de l’engagement du Congo dans les initiatives globales de santé publique.
Le programme prévoit un système de monitoring et d’évaluation permettant l’assessment de l’efficacité des interventions. Les indicateurs de processus et de résultat seront collectés selon les standards internationaux, facilitant l’adaptation continue des stratégies d’intervention.
Ce programme de formation des formateurs représente une réponse scientifiquement fondée et opérationnellement pertinente à l’épidémie de choléra affectant le Congo. L’approche multidisciplinaire, impliquant les acteurs institutionnels, les partenaires techniques internationaux et les communautés locales, constitue un modèle reproductible pour la gestion des urgences sanitaires en Afrique subsaharienne.
La réussite de cette initiative dépendra de la qualité de l’implémentation, de la durabilité des mécanismes de financement et de l’engagement politique soutenu. Elle s’inscrit néanmoins dans une dynamique positive de renforcement des systèmes de santé et de préparation aux pandémies, enjeux cruciaux du XXIe siècle.




